Plus un gosse à la rue !
Le 1er février 1954, l’Abbé Pierre avait trouvé les mots justes pour toucher les Français et les appeler à la mobilisation : « Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou les quais de Paris.» Et pourtant, 68 ans plus tard, ce drame quotidien resurgit : chaque matin en France, des enfants vont à l’école après avoir passé la nuit à la rue. En cause, un parc d’hébergement saturé sur de nombreux territoires, qui ne permet toujours pas de répondre à l’ensemble des besoins et une crise du logement, marquée par un manque de logements accessibles, dont les enfants sont des victimes collatérales.
Face à ces manquements, des collectifs se mobilisent dans plusieurs villes de France auprès des élèves sans toit et de leurs familles. Régulièrement, ces équipes éducatives, associations, syndicats, parents d’élèves et citoyen·ne·s indigné·e·s s’activent pour défendre leurs droits, et leur permettre d’accéder à une solution d’hébergement. Acteur·rice·s privilégié·e·s pour repérer les difficultés chez les élèves, il·elle·s sont en lien étroit avec les dispositifs de veille sociale en charge du 115 sur leur territoire. Lorsqu’aucune solution n’est trouvée, des familles sont mises à l’abri dans les écoles et les gymnases. À Lyon, le collectif Jamais sans toit en est déjà à sa centième occupation en sept ans. Depuis 2014, près d’une soixantaine d’établissements ont servi de refuge temporaire à plus de 450 enfants, sans toutefois parvenir à répondre à l’ensemble des besoins : malgré leur action, le 10 février 2022, en plein hiver, le collectif Jamais sans toit recensait encore 94 enfants à la rue dans la métropole lyonnaise. À Strasbourg, un collectif d’enseignant·e·s et de parents a fait de même. Un peu partout en France, souvent de façon informelle, des initiatives citoyennes cherchent des solutions en urgence.
Le Réseau national d’aide aux élèves sans toit est né de la volonté de coordonner et d’essaimer ces collectifs de soutien, avec l’appui d’associations nationales engagées dans lutte contre le mal logement et la défense des droits de l’enfant.
Équipes éducatives, parents, citoyen·ne.s, utilisons notre vigilance collective pour interpeller les pouvoirs publics, faire respecter les droits de l’enfant contenus dans la CIDE, le droit inconditionnel à l’hébergement et au logement, et s’assurer qu’aucun enfant ne soit plus forcé de passer la nuit dehors !
Travail collectif, fruit de nombreuses expériences et recueil d’informations et de coordonnées utiles, le « Toitoriel » est destiné aux personnes qui souhaitent soutenir les élèves sans toit et leur famille.