En cette 30ème journée internationale de la famille, le collectif « Jamais Sans Toit » tire la sonnette d’alarme. Le nombre de familles à la rue n’a jamais été aussi haut depuis la création du collectif en 2014. Pire, des dizaines d’autres sont aujourd’hui menacées d’une remise à la rue.
Alors qu’à ce jour, 5 établissements scolaires servent d’abri de nuit à des élèves sans toit et leur famille, les pouvoirs publics renoncent à assumer leurs responsabilités et se défaussent sur la seule générosité citoyenne. Sur la métropole lyonnaise, ce sont 295 enfants qui n’ont pas de logement.
Du côté de l’État : le brutal retour à l’ancien monde
Le mot d’ordre « restez chez vous » lors du premier confinement, qui avait conduit le gouvernement à prendre des mesures exceptionnelles pour assurer la mise à l’abri des personnes sans domicile, est bel et bien révolu.
Le ministre Olivier Klein avait pris devant les associations et la représentation nationale l’engagement qu’ « aucun enfant ne dormirait à la rue cet hiver ». Non seulement celui-ci n’a pas été tenu, mais le printemps s’annonce plus terrible encore. Alors que les dernières places d’urgence ont été ouvertes fin mars, les premières remises à la rue ont débuté courant avril et vont s’échelonner jusqu’à la fin du printemps.
Une fois encore, la gestion court-termiste a été préférée aux solutions durables et révèle un système kafkaïen dans lequel l’arbitraire le dispute à la brutalité. C’est en effet la gestion bureaucratique des « flux » qui prend le dessus sur la prise en considération des situations humaines et des besoins fondamentaux des personnes, dans un contexte de pénurie et d’inflation.
Les autorités s’emploient donc à « vider » et faire de la place dans certains centres pour « trier » et « répartir » les familles dans d’autres, selon des critères bafouant gravement la dignité des personnes concernées -prévenues de leur sort à la dernière minute- et bafouant le principe fondamental d’égalité devant la loi.
Aux dernières nouvelles, 80 ménages mis à l’abri par la Métropole lors de la crise sanitaire et qui ne relèvent plus de ses compétences ont obtenu un sursis jusqu’au 15 mai. Mais si l’État n’assume pas la prise en charge qui lui incombe, le nombre de familles sans toit va exploser.
Et le pire est à venir ! Avec l’adoption de la loi Kasbarian-Bergé qui, au lieu de s’attaquer à la pauvreté, criminalise les locataires en difficulté et les occupants sans titre, c’est une vague d’expulsions qui s’annonce.
Ville de Lyon : les espoirs déçus du plan « zéro enfant à la rue »
Lorsqu’à l’automne 2021, M. Grégory Doucet et son adjointe à la Solidarité, Mme Sandrine Runel annonçaient la mise en œuvre d’un plan « zero enfant à la rue », les enfants scolarisés dans les établissements de la Ville de Lyon et leurs familles pouvaient fonder un espoir raisonnable de passer l’hiver avec un toit au-dessus de la tête. Un an après, force est de constater que ce plan ne fonctionne pas. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 57 familles à la rue dans la seule ville de Lyon, à ce jour ce sont 4 fois plus d’enfants qui se trouvent sans solution d’hébergement que l’an passé à la même date !
En termes budgétaires, la mise à disposition de L’État du patrimoine municipal est très insuffisante ; et le maire de Lyon se refuse à user de son pouvoir de réquisition comme l’y autorisent ses pouvoirs généraux de police qu’il tient de l’article L.2212-2 du code général des collectivités territoriales. Ceux-ci lui permettent, en particulier, de prononcer la réquisition des locaux nécessaires au logement des familles sans abri. Grégory Doucet s’étaient d’ailleurs dit prêt à user de ce pouvoir de réquisition lorsqu’il avait été auditionné par le collectif Jamais Sans Toit à l’occasion de la campagne pour les élections municipales, le 25 février 2020.
Se borner à tolérer, avec bienveillance, les occupations d’établissements scolaires et laisser ceux-ci se transformer en dispositif d’hébergement d’urgence ne fait pas une politique. Quant à la menace brandie début janvier d’attaquer en justice l’État pour défaillance, elle a finalement fait long feu.
Des pouvoirs publics qui se déchargent de leur responsabilité sur les citoyens
En fin de compte, faute de savoir travailler en bonne intelligence pour imaginer des solutions, anticiper les besoins en s’appuyant sur l’expertise des acteurs de terrain, décloisonner leurs compétences, les différents acteurs (État, Ville, Métropole) laissent les citoyennes et les citoyens en première ligne avec la misère et la détresse des familles.
Depuis la rentrée scolaire, 30 établissements scolaires ont été occupés et ont fait office d’abri de nuit à plus d’une centaine d’enfants et leurs parents. Le drame des enfants sans toit continue de susciter un élan de solidarité et de générosité au sein de la communauté éducative. Ainsi, près de 60 000 euros ont été dépensés en nuitées d’hôtel par le collectif depuis la rentrée de septembre.
Les comités de soutien fédérés au sein du collectif « Jamais sans toit » n’accepteront aucune remise à la rue des élèves. Ils continueront d’accompagner les familles dans leurs demandes d’un hébergement stable où elles pourront être aidées dans leurs démarches d’insertion ; mais la générosité citoyenne ne saurait se substituer plus longtemps au principe de solidarité édicté par la loi.
Contacts presse
Collège Gilbert Dru (Lyon 3e arrdt.) occupé depuis le 14 novembre 2022
Véronique 06 14 68 36 83
Stéphanie 06 73 39 72 54
Ecole Mazenod (Lyon 3e arrdt.) occupée depuis le 25 avril 2023
Juliette 06 89 34 50 65
Ecole Paul Bert (Lyon 3e arrdt.) occupée depuis le 2 mai 2023
Maud 06 24 77 18 03
Ecole Jules Guesdes (Villeurbanne) occupée depuis le 9 mai
Léna 06 41 97 48 91
Ecole du Charréard (Vénissieux) occupée depuis le 11 mai 2023
Cécile 06 17 47 42 88